Une contredanse ?

Depuis des mois je me baguenaude sans but défini et sans raison valable sur ces terres désertes. Désertes ? Voire...
Un coup venu de nulle part, asséné par un parfait inconnu pour des raisons ignorées, et Bonjour Raymond, que dis tu de nouveau ?

Depuis des mois, je marche.
J'ai visité des grottes enfumées peuplées de Nains braillards et sympathiques, des caves remplies de monstres, des châteaux vides de toute âme et bien d'autres endroits étranges.

J'ai même vu un couvent. Non mais vous vous rendez compte, un couvent ?
L'endroit paraissait si reposant face à la désolation qui règne partout ailleurs que je suis même entrée m'y reposer un instant.

Et puis je suis rentrée à la maison.

Dites, il va falloir embaucher des maçons, des charpentiers ou que sais-je, parce que ça ne paye pas de mine chez nous... C'est vert et moulu.
A chaque porte, et il y en a neuf quand même, je m'attendais à entendre le « shkriiiik » traditionnel, le cliché quoi, même à me prendre ladite porte sur le coin de la fiole, mais non, c'est quand même un peu entretenu... Un peu. C'est même un peu animé... Un peu.

Tiens on me dit qu'il me reste des peuhas... La peur sans doute, je suis rentrée trop tôt.
Des peuhas, qu'est ce que c'est que ça d'ailleurs... des PA, ça ne m'aide pas... des pas ?
Mais oui des pas, ça ne peut être que ça, un pas en avant, un pas en arrière, un pas chassé, croisé ou balancé, cadencé...
Quelqu'un pour un Mambo, un Paso, un Tango ?

Strange eut envie de faire la java, un truc non-programmé, un comble, lui qui avait une vie si ennuyeuse car il planifiait tout, le voilà parti dans un délire genre nouba, en fait il croyait trouver du monde à la taverne, mais ce soir-là : personne, le vide, le néant, nada, nib de nib, nothing, nichts et j'en passe. il sortit donc la bouteille de rhum blanc, la vraie, pas celle pour les autre rigolos, celle qui a un goût de "reviens-y". Il part avec sa bouteille faire le tour du manoir, une première gorgée lui donne l'impression qu'il est en train d'avaler du butane enflammé, mais il ne se décourage pas pour si peu et à la deuxième gorgée cela s'avère plus facile, hé bien voilà que demande le peuple ? Aurait-il posé la question à voix haute ? il eut l'impression qu'on lui avait répondu, sûrement un citoyen lambda vu la teneur de la réponse, il hausse les épaules, il est décidément cerné par la médiocrité, puis il réfléchit, qui dit médiocrité dit médiocres, hors il n'a aperçu personne dans le coin, sauf Hedwig, la jeune chatte l'avait regardé d'un air désapprobateur, se demandant pourquoi les humains avaient besoin de se saoûler pour être heureux, la réponse tient en quelques mots : personne ne le sait.

Il pousse une porte, croyant être arrivé à sa chambre. Cependant l'agencement des meubles n'est pas le même, il a beau être pété comme un coing, il sait quand même comment est organisée sa chambre. Un dernière gorgée va lui faire se souvenir de tout, ou alors il s'effondrera face contre terre, il cherche le rhum, plus rien, il regarde le dessous de la bouteille, comme s'il cherchait un trou qui eut pu expliquer la disparition aussi soudaine du précieux liquide, mais rien, il doit se rendre à l'évidence : il a véritablement le gosier en pente comme dirait un de ses amis.

Soudain, il aperçoit une personne qui semble chercher quelque chose ou quelqu'un, pas facile de trouver qui que ce soit dans ce no man's land qu'est devenue cette maison, il reconnait Taniquel, crie son nom, s'aperçoit qu'il a du mal à articuler, que ses jambes flageolent. Décidément, on ne peut pas le laisser tout seul, il ne fait que des bêtises, des bêtises quand ils ne sont pas là.

Toujours pas un chat, se disait-elle en regagnant sa chambre... Ah si un, tiens! Et pas tout seul en plus, mais que fait-il là lui ?

Strange se tenait devant elle, titubant, grommelant. Inquiète, elle allait s'approcher quand elle aperçut la bouteille vide.

Observant du coin de l'oeil le mage qui transformait la petite chambrette en alambic géant, elle alla s'asseoir un peu plus loin sur une commode qui n'avait rien demandé, mâchonnant distraitement une mèche de cheveux tout en tapant des talons en cadence sur les tiroirs de celle-ci – attitude connue de la Nelfette qui se prépare à dire ou faire une connerie.
La jeune chatte s'empressa de venir la rejoindre.

Toubidou-bidou-bidou-yeah !

Bruits étranges dans le Manoir.

Tagada-kling dziiiiiiing poum tchak !

Quelqu'un ? Un mouvement ? Je me lève. Dans les couloirs, personne. Pas d'araignées non plus, il ne faut pas croire. Kara veille au grain, et effraie les archnides. Pourtant ... Je n'ai pas inventé ces bruits.

J'avance, je traverse une ou deux pièces, les meubles me regardent de leur regard de meuble. Les tapisseries font la moue, personne ne s'intéresse à elles. Le plancher ne grince pas.

Silence.

Encore une porte, encore du vide. Personne. Soudain, un miaulement. Le chat ? Il est là, tout près. Sa voix me guide. J'arrive dans l'aile des paysans, déserte depuis longtemps. Economie d'énergie, on ne chauffe plus par ici. Plus personne n'y vient jamais. Toujours est-il que c'est propre. Les tableaux résistent à l'emprise de la poussière, qui est condamnée à ressortir par où elle est venue, où que ce soit d'ailleurs.

Encore un miaulement, plus proche. Puis une voix. Surprise ! Quelqu'un au Manoir ? La porte de la chambre est entrouverte. Par l'interstice, j'aperçois la queue soyeuse du chat, son dos et, sur ledit dos, une main aux longs doigts fins, à la peau diaphane. Puis, de nouveau une voix. Que je reconnais. Qui m'invite à entrer.

Je rejoins Tani et le félin sur la comode. Joie. C'est toujours agréable de rencontrer la scarole au Manoir. Mais je m'interroge. Elle est plutot calme, pas du genre à faire tout ce tapage en tout cas. Elle semble lire la question dans mon regard. Elle fait un signe vers le fond de la pièce. Je me retourne, je ne vois d'abord rien. Puis, je remarque une détail. Une bouteille, tenue par une main. C'est assez rare qu'une bouteille se promène seule. D'autant plus si elle est accompagnée par une main.

Des ronflements.

Je souris. Strange est là, ça faisait longtemps. Il était temps. Il faudra que les autres reviennent aussi. Marre du vide. Marre du silence. Il faudra sortir la belle nappe blanche lorsque les convives arriveront. Les convives qui feront sortir Eowine de sa torpeur. Qui aideront à redorer les blasons et à ramener la musique ici disparue.

Il se réveille le lendemain matin, il se sent bien, il a bien dormi, seulement un petit mal aux cheveux, enfin ceux qui lui restent, il se souvient avec grand-peine de ce qui est arrivé la veille au soir, la bouteille de rhum, Hedwig qui le regardait d'un air étonné, et aussi une personne qu'il a entraperçue avant de sombrer ... dans sa chambre, ce détail par contre lui échappe, comment a-t-il pu retrouver sa chambre dans l'état où il était ? il faut croire qu'il connait tellement bien le chemin qu'il y est venu tout naturellement. Puis, il finit par dire Ciao au chat, en s'écroulant à côté de son lit : il s'en aperçoit maintenant, il a mal visé et loupé cet endroit confortable et moelleux qui eut pu lui éviter ce mal de dos. Il maudit sa bêtise et jura, mais un peu tard qu'o ne l'y reprendrait plus.

Soudain il avise deux personnes perchées sur la commode, elles semblent tenir compagnie à la jeune chatte. Il s'agit de Yaïba et Taniquel : « Bonjour Messire Yaïba, Lady Tani, que vous avez une belle voix, sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage... ». En disant cela il fit un clin d'œil à Tani, puis se reprit, il se donna une baffe, histoire de se remettre les idées en place, se remit debout, tant bien que mal, en fait il n'avait jamais été en meilleure forme, le rhum étant un excellent soporifique il l'avait aidé à faire une nuit complète, chose qui n'est pas commune en Alidhan, quoique en ce moment ce n'était pas terriblement animé.

Le petit félin ronronnait comme tout un soir d'orage, confortablement lové dans les robes noires des deux aquamanciens.

-Regarde Yaï, ça valait la peine d'attendre, le prince de la forêt somnolente nous accorde un moment d'attention.
Il était temps, j'attaquais le dernier tiroir. Bon c'est bien aussi comme ça, tu pourras y mettre un vase ou quelques livres. Pis les tiroirs c'est pas pratique.

Voyons voyons... Le teint cireux tirant sur le verdâtre et les cheveux en bataille, l'oeil vague et le sourire béat, talons à bascule carénés course : pas de doute c'est la gueule de bois.
Mais pas n'importe laquelle...

La vraie casquette en zinc. Ca, ça s'appelle se noircir avec panache ; c'était de la cuite de qualité, la reine des bitures, l'impératrice des muflées.
De la saoulographie grand sport, Gordini, avec les bandes.
The Appellation Of Cuite, quoi...

Bon t'as ptêtre l'ivresse princière, mais égoïste.
Tu aurais pu nous en laisser un peu, dis! Quitte à faire de passer la moitié de la nuit perché sur une commode à attendre que des lutins aient fini de t'attacher un plomb au bout de chaque cheveu, on aurait pu pousser la chansonnette et faire lutin commun.
Dommage, en plus c'était du bon, ça.

C'est pas le tout mais ça m'a donné soif, on va s'en jeter un ptit ?
Hedwig, une tasse de lait ? Strange, un grand bol d'air avant tout ? Pour nous ce sera un verre de... un verre de quoi d'ailleurs ? Maintenant que d'aucun a piraté le tout venant, va falloir se risquer sur le bizarre...

En plus il ne fait pas tout à fait jour, à force de faire du boucan, on va bien finir par réveiller quelqu'un et rameuter du monde, non ?

Après être allé dehors Strange fut pris d'une petite faim, la boutanche de rhum n'avait fait que calmer ... calmer quoi d'ailleurs ? rien du tout, quitte à faire des conneries, autant les faire jusqu'au bout, et c'est ainsi qu'il se retrouva à la taverne, Taniquel et Yaï étaient en train de faire des tartines. Pourquoi pas après tout ? Les tâches ménagères ne sont pas sans noblesse ainsi que le disait ... qui ? il ne se souvenait plus, ça lui reviendrait tôt ou tard. Sur la table trônait une bouteille d'alcool dont la forme était aussi bizarre que le contenu, Strange demanda :

- Tiens, vous avez sorti le vitriol ? Je croyais que la production avait été arrêtée parce que les clients devenaient aveugles, il faut croire que nous avons là une survivante de la grande époque.
Il avait dit cela en désignant la bouteille. Tout naturellement on posa un verre devant lui et il fut invité à boire le premier, normal : il était entraîné maintenant. On le prévint que ce serait un peu rude, mais il se retint de rire :

- Je connais une polonaise qui en buvait à son petit déjeuner !
Après avoir dit cela, il commença à boire, après avoir bu le verre entier, il prit une profonde inspiration et déclara en posant son verre précautionneusement :

- Il faut admettre que c'est une quand même une boisson d'hommes
Sur ce, Tani, qui prit ces paroles pour un défi but le tout cul sec.

[hrp]Mais non je n'ai pas pompé sur Audiard[/hrp]

Plop.
Désolée, j'ai pas la tête à RP ; d'ailleurs j'ai pas la tête à grand chose en ce moment.
Je suis un peu à l'ouest. Ou carrément à l'est, claquemurée derrière des volets rouges, quelque part du côté de Bien Hoa...

A suivre... Bientôt :cligne:

A plus tard la N'elfette Viet :cligne: